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Lorhi, on s’y prépare

January 13th, 2010

J’ai cours dans cinq minutes à l’autre bout du campus. Je vais être en retard. Je suis debout à côté du jardin qui occupe l’espace central du campus. Toute l’université est en pleine ébullition. Plusieurs hommes sont occupés à installer le socle en briques sur lequel va être brûlé une grande pile de bois demain. On va célébrer Lohri, la fête de l’hiver, qui est une fête très populaire au Pendjab, et c’est d’ailleurs pour ça que ça fait trois jours que je mange des cacahouètes (le lien logique n’est pas évident, mais en fait c’est la tradition). Tout à l’heure, dans la salle des professeurs, mes collègues comptaient les centaines de billets de 10 roupies qui ont été donnés par les élèves. Certains professeurs ont mis 500 roupies. Je crois que ça va servir à payer pour l’énorme buffet qu’on va tous partager.

J’ai faim. Une heure avant de passer à table, je peux sentir les odeurs d’épice dans l’air. Parfois j’ai l’impression que l’odeur vient de quelque part près de moi, tellement elle est forte.
Je file à la bibliothèque. Quatre collègues m’interpellent. Elles me demandent de me joindre à elles pour manger un morceau. Il s’agit de quatre de mes collègues préférées : ce sont les junior teacher, professeurs d’anglais qui ont presque mon âge. Tout le monde sort ses petites galettes (tchapati) de leur emballage et les place au centre de la table, je vais vraiment être en retard :
“- Alors, Quentin, qu’est ce que tu comptes mettre demain ?
– Je ne sais pas encore. Pourquoi ? Il faut s’habiller d’une certaine façon ?
– C’est Lohri ! Nos classes de l’après-midi sont annulées…
– Quentin, tu devrais mettre ta longue kurta
– Oui, tu peux même porter ton écharpe qui va avec…

(Puis elles se disputent pour savoir si je peux mettre l’écharpe ou non)

– Ils ont installé les sièges devant la scène. Je suis sûre que Madame la Principale va te demander de t’asseoir avec elle juste devant la scène.
Je peux être sûr que demain je vais être observé encore plus que d’habitude.

Je m’excuse avec un large sourire : “Désolé mes élèves m’attendent” et sors de la salle. Puis je monte dans ma salle de cours. Les élèves se tiennent debout. Je leur demande de s’asseoir et nous commençons la leçon. C’est la prononciation qui leur pose le plus de problèmes, alors j’en fais des tonnes, j’articule un maximum, jusqu’à en avoir mal à la gorge.

Une fois rentré je sors mes vêtements traditionnels indiens et les dispose bien à plat sur une chaise pour qu’ils ne soient pas trop froissés. Je me demande comment les hommes font pour être à l’aise dans cette robe. Demain va être une journée de folie. J’en suis sûr.

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