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Post 01 c’est parti

November 30th, 2009

Ça fait donc un mois et demi que je suis prof de Français en Inde. Lorsque j’y pense c’est passé vite. Et en particulier depuis que je me suis fait des amis et depuis que j’ai trouvé mes marques.
Impression générale : la façon dont on me regarde est très troublante. Impossible de se fondre dans le décor. Je vis dans une petite ville (avec quand même un million d’habitants, petite ville en Inde) et les gens ici ne sont pas habitués aux touristes. Ca tombe bien je n’en suis plus un. J’ai appris quelques mots d’hindi. Namasté (bonjour) Tanwaad (Merci) Ek, Do, Tine, Cha, Patch (Un, deux, trois, quatre, cinq) et surtout je sais à peu-près comment nommer ce que je veux qu’on m’apporte à manger, même si je ne suis pas toujours sûr de ce que j’ingurgite.

Quelques anecdotes :
Vendredi, j’ai croqué dans une galette de blé fourrée d’une sorte d’artichaut marron foncé imaginant qu’il s’agissait de viande. J’y pensais tellement fort que j’ai presque senti le goût du bœuf dans ma bouche.
Samedi, fatigué et pourtant je me lève pour aller enseigner comme tous les autres jours de la semaine. Seul le dimanche est chômé. Et encore tous les magasins sont ouverts et ce jusque tard, genre 21h.
Dimanche, je me suis rendu compte que j’étais le seul professeur de l’université dans laquelle je bosse à dire bonjour aux hommes à la peau foncée qui balayent la cour tous les matins. Il parait que je suis très populaire parmi les agents de service. Ça tombe bien ce sont les mêmes qui m’apportent le thé.
Lundi, j’en ai ras le bol des douches froides. Je veux fumer à peine levé.
Mardi est férié. Je reste dans ma chambre, enfermé, alors qu’on commémore la mort d’un gourou sikh. Les Sikhs, vous savez sont une communauté d’indiens qui portent un turban et ne se coupent jamais les cheveux. Un p’tit est venu me voir un jour pour me dire que mes cheveux étaient beaux. Du coup j’suis trop fier.
Mercredi, inauguration du système anti-incendie de l’université dans laquelle je bosse. Il s’agit de cinq seaux peints en rouge avec l’inscription “fire” tracé au pinceau blanc. A côté a été posé une pile de sable. Le campus est immense et compte plus de 1000 étudiantes. S’il y a le feu, j’ai décidé que j’irai attendre dehors avec un Coca, sans doute dans le restaurant en face de l’entrée principale.
Jeudi, la bibliothécaire vient me soûler avec son neveu qui veut émigrer en Belgique. Vu que je comprends pas ce qu’elle me dit – elle parle Pendjabi– je vais chercher une élève qui pourra faire la traduction. J’appelle Shruti qui est dans la salle de lecture. Elle se balance sur sa chaise et manque de tomber lorsqu’elle m’entend crier son nom. Elle tremble lorsque je lui parle. Plus tard en classe, je lui dis de rester assise, elle me dit que tant que son professeur s’adresse à elle en étant debout elle doit rester debout. Alors je m’assois.
Vendredi je reste près de la réception pour profiter du Wifi de la proviseur. Je bouffe toute leur bande passante pour télécharger une série américaine. En attendant que le téléchargement soit terminé je me baffre de samossa avec la réceptionniste que j’aime bien. En plus, c’est elle qui paye car c’est mal vu de me laisser payer: je suis un invité. Ils trempent le beignet frit de pomme de terre dans une sauce rouge et verte extrêmement épicée qu’ils appellent chutney. (Rien à voir avec la chutney que je mangeais en Afrique du Sud).
Samedi, j’écoute de la musique traditionnelle dans l’immense auditorium plein à craquer. Je me tiens debout sur la scène avec les autres professeurs et je peux voir que les regards sont braqués sur moi. Je ferme les yeux pour me concentrer sur la musique et j’imagine ma sœur, mes amis et plein de gens que j’aime en train de danser en rond en faisant une chaîne comme des cons sur cette musique très entraînante.

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