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Archive for December 15th, 2009

Quentin et le Temple Doré

Je me joins à soixante jeunes femmes entre 18 et 22 ans qui payent quatre euros (250 roupies) pour cette excursion en bus scolaire vers la ville d’Amritsar à 70 kilomètres de l’université. C’est à Amritsar qu’a été construit le Temple Doré, lieu saint de la religion sikh où des milliers de croyants se rendent en pèlerinage. Ce qui est fascinant c’est que le temple attire aussi les croyants hindous qui y voient un lieu où l’on peut invoquer la chance.

Chapitre 1 : le voyage

Le rendez-vous était fixé à 7h du mat’. Lorsque j’arrive le bus jaune est déjà plein. Les trois dames qui encadrent le voyage, les fameuses wardens, me disent de m’asseoir à l’avant du car, sur la banquette près du pare-brise. Deux bâtons d’encens ont été allumés et plantés entre le chauffeur et moi. L’odeur est très forte, pratiquement insupportable. Au dessus du chauffeur se trouve une petite crèche avec des portraits très colorés de différents dieux. Autour du volant des animaux ont été dessinés à la peinture. Le car est plein à craquer au point que certaines jeunes filles vont être debout pendant les deux heures et demi du voyage. Je me sens presque coupable d’être confortablement installé. En plus, j’ai la meilleure vue : je peux observer la route et je ne vais pas m’en priver. Au moment de quitter la fac une des wardens se met à chanter avec sa petite voix : soudain ses paroles sont reprises par tout le car. Je comprends qu’il s’agit de chants pour nous souhaiter de la chance lors de notre voyage. Nous passons les grandes portes de l’entrée principale et le chauffeur effectue une prière.
Amritasar se trouve à 70 km de Jalandhar. Il s’agit d’une ville tout près du Pakistan. Si vous voulez aller à Lahore vous descendez du train dans cette ville, traversez la frontière et prenez un autre train. .

Je fixe la route. Au bout d’un moment je me rends compte que je peux sentir un courant d’air. En regardant à mes pieds je remarque un trou dans le plancher par lequel je peux voir la route. A plusieurs reprises les véhicules qui viennent dans l’autre sens se retrouvent sur notre file et se rabattent au dernier moment. Ça fait vraiment peur, les gens ne conduisent vraiment pas bien. J’ai en tête l’image de ma mère qui s’agrippe au siège de la voiture au Maroc complètement pétrifiée de peur par la façon dont conduisent les gens… je me dis qu’elle serait pas à l’aise non plus à ma place.

Puis vers neuf heures, tout le monde commence à avoir faim. On s’arrête une trentaine de minutes et quelques étudiantes s’organisent et ouvrent quatre grosses boites en plastique et distribuent le petit-déjeuner à leurs camarades : chaque fille a droit à deux galettes de blé, une louche de sauce avec quelques haricots. Le mélange des deux ingrédients est délicieux. Je suis parmi les premiers servis. Tout le monde autour du bus me regarde manger et dès que j’ai vidé mon plateau en plastique on s’empresse de me proposer de le remplir. J’insiste et dis que je n’ai plus faim. Les filles gloussent et chuchotent en me regardant bizarrement. Instantanément je repense aux paroles d’une de mes collègues : “Tu es très populaire parmi les jeunes femmes, elles te trouvent charmant”. Une d’entre elles s’avance et me demande si je m’ennuie et si je suis triste. Je la fixe droit dans les yeux et je souris. Non, je ne m’ennuie pas. Le voyage me plaît. Il ne faut pas s’inquiéter.

On repart sur la route. Tout autour je regarde les petites maisons, les restaurants et les champs qui s’étendent à perte de vue. Nous serons bientôt dans la ville sainte. A un croisement, un groupe d’homme est debout au bord de la route, ils lèvent le bras en nous voyant. Ils s’imaginent sans doute que nous allons nous arrêter, puis ils voient le nom de l’école écrit à l’avant du bus et ils finissent par me fixer du regard. Nous passons à côté d’eux à toute vitesse mais je me retourne pour continuer à les regarder.
Au moment de passer sur un pont, nous ralentissons. La route est plus étroite d’un seul coup et je peux voir un type armé d’une mitraillette, ou plutôt d’un pistolet mitrailleur, derrière un tas de sacs de sable à l’entrée du pont. Il porte des vêtements couleur sable et un turban rouge et violet. Je me demande si son arme fonctionnerait s’il devait l’utiliser. Elle a l’air de dater des années 50. Je regarde la rivière au-dessus de laquelle nous passons. Elle est pleine de déchets et ses bords sont mal délimités à cause d’une épaisse masse de roseaux. L’eau a l’air vraiment crade.
L’une des surveillantes se penche pour arrêter la musique du car. Nous arrivons et du coup j’ouvre les yeux en grand. Rien d’étonnant à première vue dans cette ville qui est aussi sale que n’importe quelle autre ville que j’ai pu visiter.
Le car s’arrête. Nous descendons et au moment où je pose le pied au sol, on me fait comprendre qu’il faut que je me couvre la tête. Toutes les jeunes femmes ont le même geste. Elles lèvent les mains au dessus des épaules et en soulevant leur châle se couvrent les cheveux. Nous y sommes ! Je vais voir le Temple Doré !

Sauf que le périple jusqu’au temple est encore long…

(à suivre)

Le Temple Doré ou Swarn Mandir, au milieu du lac, Talab en hindi

Le Temple Doré ou Swarn Mandir, au milieu du lac, Talab en hindi

December 15th, 2009


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